Eldorado

De: Bouli Lanners

Avec: Bouli Lanners, Fabrice Abde, Philippe Nahon, Françoise Chichéry, Didier Toupy, Stefan Liberski, Baptiste Isaïa, Renaud Rutten, Jean-Jacques Rausin, Jean-Luc Meekers,...

Pays: Belgique, France

Année: 2008

Synopsis

Yvan, dealer de voitures vintage, la quarantaine colérique, surprend le jeune Elie en train de le cambrioler. Pourtant, il ne lui casse pas la gueule. Au contraire, il se prend d'une étrange affection pour lui et accepte de le ramener chez ses parents au volant de sa vieille Chevrolet. Commence alors le curieux voyage de deux bras cassés à travers un pays magnifique, mais tout aussi déjanté.

Avis

Bouli Lanners est un personnage atypique dans le monde du cinéma belge. Premièrement, il est loin d'un cinéma social à la Frères Dardenne. Ensuite, on ne peut pas dire que ce soit un acteur comique bankable à la Benoît Poelvoorde ou à la François Damiens. Non, le personnage a su se créer dès son premier film, Ultranova, un univers bien à lui. Etant donné que son premier bébé est difficile à trouver dans le commerce, autant passer directement au second avec Eldorado.
Le choix du titre n'est pas anodin. Premièrement, l'eldorado est une série de voiture par Cadillac. Logique quand on sait que Yvan est un vendeur de vieilles voitures. Ensuite, l'eldorado était bien sûr cette recherche d'un trésor leur offrant la richesse absolue pour les conquistadors en Amérique du Sud. Dans ce deuxième cas, le choix n'est pas anodin non plus. Il faut juste remplacer une richesse matérielle par une richesse spirituelle.
Bouli Lanners réalise, comme pour sa première oeuvre, un film décalé et absurde. On a tout d'abord un mélange de genres dans ce film. Il y a le road-movie, et c'est bien là qu'est l'absurdité puisque la Belgique étant un très petit pays, on va d'un bout à l'autre du pays en à peine une demi-journée au très grand maximum. Ici, le voyage dure plusieurs jours. Des allures de western aussi pour ces deux personnages qui sont des êtres solitaires de prime abord. Pas de duels en perspective mais un final qui nous rappelle que ses hommes sont seuls face à leur destin. Remplacez le cheval par la voiture et vous avez la monture de nos cow-boys. C'est également une oeuvre très contemplative à mes yeux, avec un Bouli Lanners montrant les différents paysages de la Wallonie, en passant par les forêts ardennaises et les usines du bassin liégeois. Sans oublier la campagne. Un hymne d'amour pour sa région.
C'est aussi une oeuvre remplie d'émotion. On s'attache tout d'abord au destin de deux loosers. Rien ne leur a vraiment réussi dans la vie. Le moment où le jeune Elie se rend chez sa mère est très émouvant car il permet aussi de rappeler des souvenirs à notre ami Yvan. Quelques passages sont toutefois un peu trop longuets.
C'est avant tout une oeuvre fort mélancolique entre deux personnes qui vont devoir apprendre à se connaître. Ces deux êtres solitaires vont alors tenter de se comprendre, d'atteindre une forme d'eldorado, de créer une relation, de faire face à certains de leurs problèmes et bien d'autres choses encore.
Toujours est-il que Bouli Lanners s'installe de plus en plus comme un cinéaste intéressant. Il serait bon de le voir enchaîner quelques projets en tant que metteur en scène, devenant probablement le faiseur de films belge le plus original à ce niveau.

Note: 4/5