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La culture sous toutes ses formes
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29 juillet 2010

Le salaire de la peur

le_salaire_de_la_peurDe: Henri-Georges Clouzot

Avec: Yves Montand, Charles Vanel, Folco Lulli, Peter van Eyck, Vera Clouzot, William Tubbs, Dario Moreno, Antonio Centa, Darling Legitimus, Jo Dest,...

Pays: France, Italie


Année: 1953

Synopsis

Guatemala, 1951. Après diverses péripéties, un groupe d'Européens à échoué à Las Piedras, une misérable bourgade où règnent la misère et le chômage. Un jour, un puits de pétrole est ravagé par un gigantesque incendie. Une compagnie pétrolière américaine, la SOC, décide alors d'embaucher quatre hommes afin de convoyer 400 kilos de nitroglycérine, répartis en deux camions, jusqu'au puits de pétrole. Quatre des Européens sont engagés: Mario, Jo, Luigi et Bimba. Mais la tâche ne sera pas aisée, car les routes sont presque impraticables. Le moindre cahot peut donc être fatal...

Avis

Très belle découverte d'Henri-Georges Clouzot et cet avis sera placé sous le signe des spoilers. Donc pour ceux qui n'ont pas vu le film, je vous conseille tout simplement de ne pas tarder à  le regarder, il en vaut vraiment la peine.
Le début du Salaire de la peur pose correctement et lentement l'ambiance. Nous sommes dans un pays d'Amérique centrale, le Guatemala, et la crasse, la misère, la pauvreté couplée au fait que la société est assez peu évoluée, voilà l'environnement des quelques Européens perdus au milieu de nul part, d'un village où l'on s'occupe comme on peut, essentiellement au bistrot du coin.
Dans ce petit village, il existe un petit pavillon habité par des Américains et abritant surtout des membres d'une compagnie pétrolière. Là-bas, la misère n'y est pas. De manière intrinsèque, Clouzot dénonce la lutte des classes, les riches vivant dans le confort et le luxe là où les pauvres doivent se contenter généralement des restes. Sans oublier que ce sont les pauvres qui paient le plus lourd tribut à la minorité de riches, les familles se plaignant souvent de voir leurs proches revenir dans de sales états, s'ils ont encore la chance de pouvoir respirer... Le système capitaliste est déjà dénoncé et il n'a pas fallu attendre aujourd'hui pour voir ce genre de critiques arriver. Le seul point négatif que je retiens du film se situe justement au début car l'introduction est peut-être un peu trop lente et on rentre tardivement dans le vif du sujet.
Car c'est bel et bien quand les Européens acceptent un travail invraisemblable que le film prend une autre tournure. Pour 2000 dollars (ce qui peut paraître misérable maintenant mais une fortune à l'époque), ils doivent transporter de la nitroglycérine jusqu'à un puits de pétrole en feu. Mais la route est chaotique et le voyage dangereux. Ils sont toutefois prêts à tout pour quitter le trou à rats dans lequel ils vivent.
C'est un véritable parcours que les quatre hommes vont subir. A partir de ce moment, Clouzot va faire un film sur l'amitié. Elle se fait et se défait, l'enjeu qui est en cours est tellement important qu'elle pourrait désunir à tout moment les hommes. Dans un monde capitaliste, l'amour (la femme qui aime le personnage de Montand mais ce dernier l'abandonne pour l'argent) et l'amitié n'ont pas toujours leur place. Et l'argent ne fait pas le bonheur. Entre-temps, le cinéaste nous offre beaucoup de moments d'angoisse, de suspense ou de tensions. Superbe séquence quand c'est un caillou qui doit exploser. Terrible quand c'est un camion qui y passe. On ressent le même effroi que les passagers de l'autre engin.
Les deux dernières minutes sont à la fois belle et tragique. Mario a vendu son âme au diable pour l'appât du gain. Et lors de son retour, avec sa fougue, heureux d'avoir gagné de l'argent, il fait un peu trop le malin en conduisant le camion et finit par en perdre le contrôle aux abords d'un ravin. Dans le même temps, sa dulcinée entamait une danse avec un ami à Mario et s'évanouit au moment même où le camion tombe. Superbe juxtaposition de plans. Sur le moment, j'avoue avoir ressenti une forme de frustration de le voir mourir si bêtement. Mais en y réfléchissant bien, c'est totalement cohérent avec ce que Clouzot propose depuis le début de son oeuvre. Un très grand film, presque un chef-d'oeuvre.

Note: 4.5/5

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Commentaires
E
A chaque vision,et ça commence à faire pas mal,je suis ébloui par la maîtrise, l'action, l'interprétation. J'y pense à chaque fois que j'ai dans les mains un ticket de métro.
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