L'expérience (Das experiment)
De: Oliver Hirschbiegel
Avec: Moritz Bleibtreu, Christian Berkel, Oliver Stokowski, Wotan Wolkie Möhring, Stephan Szasz, Justus Von Dohnanyi, Nicki Von Tempelhoff, Edgar Selge, Maren Eggert, Timo Dierkes, Antoine Monot Jr. et Andrea Sawatzki
Pays: Allemagne
Année: 2000
Synopsis
Ils étaient venus se faire un peu d'argent facile. Cela commence par une expérience. Le but: étudier les effets psychologiques de l'enfermement carcéral. La paye: 4000 Marks. Vingt hommes sont ainsi enfermés durant deux semaines dans une prison. Arbitrairement, huit d'entre eux sont désignés gardiens, les douze autres prisonniers. Les prisonniers doivent suivre les règles établies, les gardiens doivent maintenir l'ordre. Mais la tension monte... Plus la frontière entre l'expérience et la réalité diminue et plus le jeu devient mortellement dangereux...
Critique
Oliver Hirschbiegel est déjà le réalisateur controversé de La chute, film qui raconte les derniers jours d'Adolf Hitler pour rappel. En 2000 pourtant, il réalisait déjà une oeuvre assez spéciale et que l'on peut qualifier de thriller psychologique. Comme pour son deuxième et dernier film, le premier trouve des personnes qui aiment et d'autres qui détestent. Les détracteurs d'Hirschbiegel clameront pour ce film un certain voyeurisme, un film psychologique mal maîtrisé et qui pourrait s'avérer dangereux. A mon goût, on est très loin de cela. Le réalisateur allemand ne tarde pas à nous faire rentrer dans le vif du sujet. Le spectateur peut dès le début être comparé aux personnages qui jouent le rôle de prisonnier pour l'expérience. On regarde avec un oeil un peu amusé le début de l'expérience, on rigole aux boutades et blagues que font les prisonniers envers leurs gardiens. Et pourtant, petit à petit et grâce à une réalisation parfaite à ce niveau (notamment dans le jeu des lumières, dans le fait que l'on reste dans un endroit clos et confiné), le malaise s'installe. Les gardiens supportent de moins en moins les railleries des prisonniers et petit à petit, ils s'approchent des limites qu'il ne faut pas dépasser (le règlement de l'expérience stipule qu'ils ne doivent pas résoudre les problèmes avec la violence). Un chef se profile dans le camp des gardiens: un homme grand aux yeux bleus et blond, en bref un parfait aryen! Du côté des prisonniers: une personne aux origines étrangères et plus particulièrement d'origine turque. Hirschbiegel fait-il par là une confrontation du passé allemand à celui de son présent? Cependant, cela se termine très mal pour le maton, un peu comme pour le nazisme...
Hirschbiegel fait fort en parvenant à retranscrire le malaise qui se déroule avec cette expérience. Comme je l'ai dit plus haut, on s'amuse un peu comme les prisonniers. Et par après, on devient comme eux, on s'efforce de se dire que ce n'est qu'un jeu, que tout va bientôt rentrer dans l'ordre, on s'inquiète un peu pour les prisonniers pour leur vie. En bref, on vit l'expérience mais avec les dangers en moins. Quoique, je pense que le film n'est pas à mettre devant tous les yeux, certaines scènes pouvant s'avérer psychologiquement éprouvantes (les humiliations sur les prisonniers, la violence gratuite que les gardiens utilisent). L'expérience via son thème parvient également à poser la question de savoir ce que nous, nous ferions fasse à pareille situation? En profiterions-nous, comme les gardiens, pour nous mettre en avant, nous mettre en supériorité par rapport à l'autre, au prisonnier à qui on enlève les droits.
En bref, il s'agit pour moi d'une oeuvre forte, réussie et qui laisse entrevoir une bonne carrière pour ce réalisateur. Certains reprocheront le côté voyeuriste de l'oeuvre (comme ceux-là le font pour Battle Royale) mais pour ce petit défaut, il y a un casting irréprochable, une mise en scène parfaite et une histoire qui au fond fait réfléchir...
Note: 4/5