Ring (Ringu)
De: Hideo Nakata
Avec: Nanako Matsushima, Miki Nakatani, Hiroyuki Sanada, Yoko Takeuchi, Yoichi Namata, Chihiro Shirai,...
Pays: Japon
Année: 1997
Synopsis
Un soir, seules à la maison, deux lycéennes se font peur en se racontant une mauvaise blague. Une étrange rumeur circule à propos d'une cassette vidéo qui, une fois visionnée, déclenche une terrible malédiction: une mort annoncée sept jours plus tard. Une journaliste enquête mais très vite, le maléfice la rattrape...
Critique
Tout le monde connaît la version américaine signée Gore Verbinski, The ring, déjà moins savent qu'il s'agit d'un remake du film japonais réalisé en 1997 par Hideo Nakata et ils sont très peu à avoir vu cet "original".
Au Japon, par contre, Ringu, a été un véritable phénomène de mode et le film est devenu très rapidement culte. Il n'était pas rare à la télévision japonaise, que lors d'émissions, des jeunes étudiants et étudiantes, regardaient un film d'horreur lorsqu'à, à un moment, une fille aux longs cheveux noires sortaient d'une cachette et venaient à effrayer complètement les jeunes. Comparé à l'Occident, le Japon possède une autre culture de la peur et de la façon d'effrayer le téléspectateur. Si aux USA ou en Europe, on joue sur l'ambiance et sur une action brève et rapide pour faire monter l'adrénaline, en Asie et particulièrement au Japon, c'est tout autre. En effet, on joue réellement plus sur le suspens et sur la vision de ce qui effraie la personne. Ainsi, pour le cas du film de Nakata, on met en place une légende, on y parle d'une fille, elle n'apparaît que très tardivement dans le film mais on la voit très lentement arriver vers nous. Ainsi, la tension monte au fur et à mesure que la jeune fille aux longs cheveux noirs s'approche de sa victime. Pour cela, Nakata n'a pas fait dans l'excès. Une réalisation sobre, efficace, et comme le veut le code du genre, avec de longs passages nocturnes ou dans la pénombre. Ambiance oblige! On saura également apprécier le film maudit, véritable oeuvre culte en lui-même par son côté très étrange, bien évidemment. Mais quand on a une façon de voir les choses pour créer la tension, il y a parfois un revers à la médaille. Si au Japon, le film a fait fureur, en Europe, on ne peut pas dire qu'on soit habitué par ce genre. En effet, tellement habitué par la façon dont les Américains font des films d'horreur, il ne sera pas étonnant d'entendre des gens trouver l'oeuvre de Nakata totalement nulle puisque celle-ci ne fait pas peur et que l'on voit beaucoup trop la fille. A chacun sa façon de voir les choses.
On notera aussi que le scénario joue sur deux fronts. Premièrement et bien sûr, sur celui de l'horreur et de la faculté à faire peur, mais également sur l'énigme à résoudre pour les deux personnages principaux. Si d'habitude, c'est assez idiot ailleurs, on est quand même assez pris par cette enquête un peu plus intelligente que pour d'autres films. On pourrait presque s'avancer aussi sur le fait que le réalisateur nippon semble vouloir critiquer une chose avec la télévision. En effet, toutes les personnes touchées au début par la malédiction sont des jeunes personnes. Serait-ce la façon de dire de Nakata que les jeunes à l'heure actuelle sont mis en danger par une télévision qui leur fait montrer n'importe quoi, qui tombe parfois dans une surenchère de l'horreur et du politiquement incorrect? Si ce n'est pas clairement dit, on n'en semble parfois pas loin.
Dans l'ensemble, Nakata signe un film très réussi, auquel il ne manque que très peu de choses pour en faire son chef-d'oeuvre. Ad contrario, son oeuvre est devenue culte, d'abord au Japon, ensuite dans le monde entier, grâce au remake. Et puis, par rapport au film de Verbinski, on laissera à Nakata et ses compères le fait d'avoir trouvé l'idée de réaliser une telle oeuvre...
Note: 4/5