Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La culture sous toutes ses formes
Archives
8 mai 2008

Les Chiens de paille (Straw dogs)

418px_Straw_dogs_movie_posterDe: Sam Peckinpah

Avec: Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan, T.P. McKenna, Del Henney, Ken Hutchinson, Jim Norton, Donald Webster, Len Jones, Sally Thomsett, Colin Welland,...

Pays: Etats-Unis, Grande-Bretagne

Année: 1971

Synopsis

David, mathématicien américain et réservé, retourne habiter avec sa femme dans l'arrière pays anglais, pour fuir la violence chaotique des Etats-Unis. Mais quand David engage une équipe locale pour réparer sa grange, celle-ci commence à harceler le couple, mais passif, David ne fait rien pour arrêter ces hommes. Cela continue et s'intensifie, jusqu'au jour où ils le poussent à bout...

Avis

Voilà probablement le plus célèbre film de Peckinpah. Il faut dire que Straw Dogs fut censuré un temps en Grande-Bretagne à cause de la violence qu'il contenait et de notamment une scène de viol assez longue, trop insoutenable pour l'époque. Il n'en falllait pas moins pour que le film jouisse d'une certaine réputation, d'autant qu'un film non moins violent est sorti presqu'en même temps, à savoir Orange mécanique de Stanley Kubrick. Cependant, force de constater qu'entre les deux, c'est bel et bien le dernier qui réalisera la meilleure oeuvre, Straw dogs possédant l'un ou l'autre défaut bien trop gros que pour jouer dans la même catégorie.
Cependant, il existe des qualités indéniables. Ainsi, commençons par le duo formé par Dustin Hoffmann et Susan George. C'est bien simple, on ressent une énorme complicité entre les deux protagonistes, au point même qu'on se poserait la question de savoir s'ils sont uniquement un couple qu'à l'écran. La prestation de Hoffmann est remarquable tout au long de l'oeuvre. Pour Susan George, il est un peu plus compliqué de la situer car son personnage est assez ambigu. Certes, il est clairement volontaire au début mais on a l'impression que Peckinpah et George ne savent pas eux-mêmes jusqu'à quel point. J'y reviendrai plus tard.
D'un point de vue de la réalisation, on observe une maîtrise également parfaite de la part de Peckinpah. Tout d'abord, il parvient à instaurer une atmosphère assez étrange qui perdure tout le long de l'oeuvre. La campagne anglaise, les personnes qui la composent, une justice parfois différente, des façons de vivre qui n'ont également rien à voir,... Bref, n'importe qui trouvera l'ambiance étrange. Personnellement, c'est un village qui n'inspire pas confiace et qui est composé de personnes assez rudimentaires.
Ensuite, la scène du viol aurait pu être abominable, comme l'a été celle de Irréversible de Gaspard Noé. Fort heureusement, pour ne pas trop éprouver le spectateur, Peckinpah a l'excellente idée de nous proposer des flashs sur David (parti à la chasse avec quelques villageois, ce qui n'était qu'un prétexte pour l'éloigner de la maison) et de jouer la carte de la distanciation. Cependant, il faudra revenir un peu plus tard sur la façon dont le viol a été provoqué et qui rentre une nouvelle fois dans la façon dont le personnage de Susan George est traité et est très ambigu.
Enfin, on terminera par la scène finale, assez remarquable en soi. Ainsi, la vengeance de David est assez incroyable car il s'agit à la base d'un homme calme, ne répondant à aucune provocation qui finit par exploser (au sens figuré évidemment). Ainsi, il combat un à un, tous ceux qui l'ont provoqués et qui lui ont fait du mal. Mais c'est aussi le parallèle avec l'un des personnages, ancien pédophile et également recherché par les villageois qui est intéressant. Il faut donc mesurer l'importance de la dernière scène où ce personnage dit qu'il ne sait plus ou est chez soi et où David répond que ce n'est pas grave, pour lui non plus. On comprend alors qu'il ne reviendra jamais dans ce village et qu'il abandonne sa femme.
Sa femme... Justement, parlons-en. Certes, c'est bien triste le viol qui lui arrive. Mais on dirait vraiment que Peckinpah veut que le viol, ben au fond, c'est la faute à la bonne femme. Tenues aiguicheuses, relation avec un ancien villageois, provocations envers d'autres villageois (elle écarte les jambes alors qu'elle est en jupe, passe seins nus devant les ouvriers,...). Bref, elle joue la provocation mais de manière volontaire. Alors, il est clair que les hommes ne sont pas mieux. Certes, ils ne sont que des personnages en quête de chair fraîche mais tout de même, le rôle de la femme n'est pas négligeable dans le viol. D'ailleurs, la relation avec son mari va devenir de plus en plus tendue au fil du temps, puisqu'elle semble retomber amoureuse de son ancien amant et cela se remarque très facilement, puisque avant de se faire violer par le second, elle aura une relation avec celui-ci qui même s'il l'a un peu forcée au début, elle ne finira pas par y rechigner. Ca devient nettement plus flagrant lors du combat final entre son mari David et son ancien amant où elle prendra vraiment parti pour le dernier et qu'il y trouvera une certaine tristesse. Bref, voici un personnage très ambigu qu'il me semble que Peckinpah n'a pas géré parfaitement au point même que l'on se pose la question de savoir s'il n'était pas mysogine... En dehors de cela, on obtient un très bon film et qui démontre une fois de plus que ce metteur en scène était très talentueux.

Note: 4/5   

Publicité
Commentaires
E
Film génial, un de mes préférés de Peckinpah!<br /> Quant à la scène de viol, son ambiguïté est remarquable et pose les bases d'un débat éthique inépuisable.
La culture sous toutes ses formes
Publicité
Derniers commentaires
Publicité