Perfect Blue

De: Satoshi Kon

Avec les voix de: Junko Iwao, Rica Matsumoto, Shinpachi Tsuji, Maasaki Ökura,...

Pays: Japon

Année: 1998

Synopsis

C'est sans regrets que Mima, chanteuse, quitte son groupe pour se consacrer à une carrière de comédienne. Elle accepte un petit rôle dans une série télévisée. Cependant, son départ brusque de la chanson a provoqué la colère de ses fans et plus particulièrement celle de l'un d'eux. Le mystérieux traqueur passe à l'acte en dévoilant en détail la vie de la jeune femme sur Internet, puis en menaçant ses proches. Plusieurs incidents violents se produisent dans l'entourage de Mima et elle réalise que son existence se confond dangereusement avec la série télé. 

Avis

Il s'agit du premier long-métrage de Satoshi Kon qui se fera rapidement un nom dans le monde de l'animation avant de nous quitter brutalement l'année dernière des suites d'un cancer et avant d'avoir pu achever son dernier film. Que les fans se rassurent, il semble avoir laissé dans son testament tout ce qu'il fallait pour que son équipe l'achève. Cette dernière oeuvre est intitulée dans son titre original Yume miru kikai.
Revenons-en toutefois à Perfect Blue. C'est un animé que je revoyais et il faut dire qu'il m'a encore bien plu même si j'en conservais un meilleur souvenir. On sent qu'il s'agit d'un premier long-métrage, mais on constate en tout cas qu'il met bien en place les thèmes que l'on retrouvera par la suite de sa carrière. Ici, il explore le cas de la double-personnalité à travers une ancienne idole pour adolescente de la chanson qui décide de prendre une toute autre voie en se consacrant au cinéma et en voulant aussi casser l'image qu'elle s'est crée. A noter que le choix de prendre comme personnage principal une jeune femme de 21 ans, sortant à peine de l'adolescence, est également très opportun. Elle devient nettement plus en proie au doute. En effet, toute sa personnalité a été construite à travers le monde de la chanson et en prenant une autre voie, elle va totalement se perdre. Si les événements qu'elle subit sont traumatisants, les choix de carrière qu'elle prend le sont tout autant.
Dans cette oeuvre, le trouble de la personnalité est évoqué de multiples manières. Il y a d'abord le fan absolu qui se projette dans Mima en créant un site Internet à son nom et où il y raconte ce qu'elle fait durant la journée. Il la suit dans tous ses déplacements, ce qui lui permet d'être complet. Lorsque Mima se rendra sur le site Internet, sa vie commencera à basculer car elle perd toute notion de vie privée. Il y a aussi l'agent féminin qui rêve de la carrière de Mima et qui n'a pas eu la chance d'en connaître une aussi réussie que la sienne. Il y aura également une projection de l'agent envers la jeune femme.
Il existe aussi chez Kon un univers qui se révèle déjà très intéressant bien que je trouve le cinéaste beaucoup plus voyeuriste que dans ses oeuvres suivantes. Certes, ça sert quelque peu à la tension dans le film, mais je suis certain, vu son talent, qu'il aurait pu à mettre autant de suspense en usant d'une autre manière. De plus, le principal défaut de l'oeuvre réside aussi que Kon prospecte bien trop à gauche et à droite en terme d'exploration de toubles de la personnalité. Ca n'aide pas à maintenir une fluidité dans l'oeuvre et le spectateur se retrouve perdu par moments, mais pas dans le bon sens du terme.
Mais ce thriller à mi-chemin entre Hitchcock et Lynch reste évidemment d'un bon niveau.

Note: 3.5/5