Le stratège (Moneyball)

De: Bennett Miller

Avec: Brad Pitt, Jonah Hill, Philip Seymour Hoffman, Robin Wright, Kerris Dorsey, Chris Patt, Stephen Bishop, Casey Bond, Royce Clayton, Nick Porrazzo, Derrin Erbert, Marvin Horn, Art Ortiz, Brent Dohling, Miguel Mendoza,...

Pays: Etats-Unis

Année: 2011

Synopsis

Alors que la saison 2002 se profile, Billy Beane, le manager général des Oakland Athletics, est confronté à une situation difficile : sa petite équipe a encore perdu ses meilleurs joueurs, attirés par les grands clubs et leurs gros salaires. Bien décidé à gagner malgré tout, il cherche des solutions qui ne coûtent rien et auxquelles personne n’aurait pensé avant… Il va s’appuyer sur des théories statistiques et engager Peter Brand, un économiste amateur de chiffres issu de Yale. Ensemble, contre tous les principes, ils reconsidèrent la valeur de chaque joueur sur la base des statistiques et réunissent une brochette de laissés-pour-compte oubliés par l’establishment du baseball. Trop bizarres, trop vieux, blessés ou posant trop de problèmes, tous ces joueurs ont en commun des capacités sous-évaluées. Avec leurs méthodes et leur équipe de bras cassés, Beane et Brand s’attirent les moqueries et l’hostilité de la vieille garde, des médias et des fans, jusqu’à ce que les premiers résultats tombent… Sans le savoir, Beane est en train de révolutionner toute la pratique d’un des sports les plus populaires du monde.

Avis

Voir débarquer un film prenant comme univers le monde du baseball en Europe s'avère déjà un petit miracle en soi. Si ce sport est l'un des plus suivi aux Etats-Unis, en Europe, il demeure très confidentiel. L'origine de cette arrivée dans nos salles et en DVD? Sans aucun doute la présence de Brad Pitt en tant qu'acteur, mais également producteur du film. Nul doute que sans lui, ça aurait déjà été une fameuse chance de voir l'oeuvre débarquer en direct-to-video. Pourtant, on serait passé à côté d'un bon film détaillant parfaitement l'univers de ce sport, et symbole également d'échec et de réussite pour ce personnage de Billy Beane.

Et quand on y songe, Beane a presque tout d'un raté. Promis d'après les managers à un statut de superstar, le jeune homme ne confirmera jamais les attentes placés en lui en MLS. Professionnellement, il se retire du circuit pour devenir recruteur. Par ailleurs, l'homme n'a pas une vie familiale simple, puisqu'il divorce de sa femme, voyant par alternance sa fille. Pourtant, avec l'aide d'un mathématicien de génie, notre homme va totalement bouleverser le monde du baseball au début des années 2000.

L'oeuvre montre bien comment Beane doit se battre contre tout un système défendu bec et ongles par les gens en place depuis longtemps, mais également les journalistes, entraineurs, recruteurs, conseillers et j'en passe pour promouvoir sa vision du baseball. En passant par les statistiques, l'homme veut bouleverser un monde où les recrutements se font de manière trop aléatoires, où la gueule est parfois plus importante que le talent, où la manière de lancer, si elle ne plait pas au recruteur est également préjudiciable au joueur.

Avec une équipe considérée comme des bras cassés du baseball et un budget très très modeste, Beane et son équipe vont pourtant aligner vingt victoires d'affiliée. Un record dans la MLS. Le système bien que critique parce que Oakland ne sera pas champion, est finalement adopté et des équipes, dont les Red Sox de Boston, vont remporter le titre en adoptant les méthodes de Beane.

L'oeuvre évoque donc l'abnégation d'un homme d'aller contre le vent, mais aussi, son envie d'excellence et d'atteindre à tout prix son objectif. Il tente coûte que coûte à laisser son empreinte dans le sport. C'est un homme qui se bat constamment contre l'échec et contre tout un système financier, injuste. C'est finalement une critique déguisée du culte de l'argent tout-puissant, créateur d'inégalités et truquant les rencontres bien avant le début de la saison.

La mise en scène de Miller est intelligente. Les rares séquences de baseball proviennent généralement d'images d'archives (le début est remarquable), ou très rarement d'images tournées. Mais les séquences sont intelligentes. Le film allie bien les séquences de bavardage, vue comme de l'action (notamment l'achat et vente des joueurs, les échanges, tout en paroles, mais prenant de bout en bout) et les silences importants. Parfois, en plein match, tout le son se coupe et on entend uniquement le bruit de la batte qui claque la balle, rajoutant donc de la tension dans certaines séquences.

Le film est porté par un excellent duo que sont Brad Pitt et Jonah Hill. Le premier ultra présent, assez cabotin par moment joue de manière complémentaire avec Hill, personnage finalement assez renfermé, presque timide, prouvant surtout qu'il a un potentiel dramatique important. Les rares apparitions de Philip Seymour Hoffman sont parfaites.

L'oeuvre possède pour moi deux défauts. Le premier, c'est l'aspect familial qui entoure le personnage de Beane. On y a de très rares séquences avec sa femme et sa fille. Et finalement vu leur rareté, on se demande presque pourquoi elles apparaissent. J'ai également l'impression qu'elles sont sous-utilisées. A la rigueur, l'importance de la fille de Beane dans son choix de quitter ou non Oakland est primordial, mais cela n'apparait pas vraiment dans l'oeuvre elle-même, mais bien dans les informations qui nous permettent d'imaginer cela avant le générique de fin.

Ensuite, une impression également que le film stagne par moment dans son récit. L'oeuvre propose un schéma où l'homme doit se battre contre tout un système et on le comprend bien qu'il n'est pas compris. Durant quinze ou vingt minutes, j'ai trouvé le film un peu long à cause de cela. Toutefois, sur l'ensemble, cela ne gâche pas le plaisir qu'on en éprouve. Et promis, pas besoin de connaître le baseball pour apprécier Le stratège.

Note: 3.5/5