Le quai des brumes

De: Marcel Carné

Avec: Jean Gabin, Michèle Morgan, Michel Simon, Pierre Brasseur, Edouard Delmont, Raymond Aimos, Robert Le Vigan, René Génin, Marcel Pérès, Jenny Burnay, Roger Legris, Martial Rebé, Jacques Soukoff,...

Pays: France

Année: 1938

Synopsis

Par une nuit ténébreuse, un déserteur du nom de Jean arrive au Havre dans l’espoir de quitter la France. En attendant un bateau, il trouve refuge au bout des quais, dans une baraque autour de laquelle gravitent plusieurs marginaux. Il y fait la rencontre de Nelly, une belle et mystérieuse jeune femme dont le regard le bouleverse. Cette dernière vit dans la terreur de son tuteur, le misérable Zabel, lui-même racketté par une bande de voyous. Par amour, Jean se mêle aux affaires de Nelly et met les pieds dans un engrenage périlleux…

Avis

Deuxième oeuvre de Marcel Carné que j'ai l'occasion de découvrir après Hôtel du Nord. Deuxième grand classique du cinéma français signé par ce cinéaste. Au final, une réputation de très grand film qui me semble usurpée, même si on reste évidemment dans du un cinéma d'avant-guerre de bonne facture.

En réalité, l'oeuvre repose énormément sur deux choses. Premièrement, il y a la prestation des acteurs phénoménale. Jean Gabin, encore relativement jeune à ce moment (la trentaine) est déjà démentiel et crève l'écran. Il peut compter sur la performance de Michèle Morgan (qui pour les plus jeunes, est toujours des nôtres au moment où j'écris ces lignes).

Ensuite, Carné peut compter sur l'excellent travail réalisé par les dialoguistes. Chaque réplique claque ou presque. Il est étonnant de constater à quel point chaque phrase est véritablement bien sentie. Et puis il y a cette fameuse réplique culte lancée par Gabin: "T'as d'beaux yeux tu sais". Merci Monsieur Prévert pour une telle qualité de dialogue.

Le scénario est somme toute intéressant aussi. L'histoire d'un homme qui fuit et qui trouve l'amour sur son chemin. L'idée de fuite toujours présente dans l'esprit de ce personnage, mais en même temps, est-il capable de quitter la seule personne qu'il aime dans ce monde ? Le sort funeste de l'aventure n'est jamais loin et la fin n'est donc pas réellement surprenante en soi.

Face à ces événements qui semblent échapper à notre homme, le quai des brumes, refuge d'autres paumés où l'on ne juge pas, où le moral n'est pas toujours au beau fixe, mais où l'on s'efforce de rester positif.

Que manque-t-il dans Le quai des brumes pour en faire pour moi un très grand film ? Peut-être un cinéaste digne de ce nom. Je n'ai rien contre Marcel Carné, mais très honnêtement, il n'est pas le meilleur de sa génération. C'est un bon cinéaste, capable de sublimes gros plans sur Michèle Morgan, mais incapable d'élever ses personnages et ses dialogues vers les sommets. Pour moi, le film manque singulièrement de quelque chose à ce niveau.

Note: 3.5/5