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La culture sous toutes ses formes
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10 avril 2014

La section Anderson

La section Anderson

De: Pierre Schoendoerffer

Avec: /

Pays: France

Année: 1967

Synopsis

Pierre Schoendoerffer, vétéran de la guerre d'Indochine, accompagne une section de soldats américains durant les combats au Vietnam en 1966.

Avis

Pierre Schoendoerffer est, pour ceux qui ne le connaissent pas, un ancien reporter au sein de l'armée française. Il fut capturé à Diên Biên Phu avant d'être relâché après la fin de la guerre. Mais le Vietnam, nouveau nom après le retrait des Français, reste toujours dans un coin de la tête de celui qui s'est reconverti aussi dans le cinéma. Il décide d'emmener deux personnes avec lui pour aller filmer les Américains au coeur du conflit vietnamien.

Dans une interview qu'il donnera après s'être rendu six semaines dans la même unité, il justifie le choix de suivre l'aéroportée : il s'agissait de la pointe à l'époque, ensuite la plupart des membres étaient des appelés et non des volontaires et enfin, la section était dirigée par un lieutenant noir, à une époque où la question raciale était encore importante.

De ce documentaire, Schoendoerffer ne montre que le quotidien des soldats américains et il est loin d'être rose. Il y a ces longues marches, cette vie sous cette pluie interminable, les différents transports aériens, la recherche du Viêt-cong dissimulé dans cette jungle et les combats. Mais le plus incroyable avec Schoendoerffer, c'est l'absence de tout moralisme ou de vouloir prendre parti dans ce conflit. Il montre simplement des hommes au sein de la guerre. C'est brut, c'est cru, c'est du réel. Et cela marque les esprits.

Mais Schoendoerffer ne marque pas les esprits n'importe comment. Il y a un léger travail sur le montage et surtout une voix-off qui nous prévient de tous les événements importants à venir. Alors qu'il nous fait découvrir différents visages de la section, en nous donnant les noms de chacun, il énumère pour certains leur sort à venir au sein du documentaire. Et pour l'un d'entre eux, c'est la mort qui sera au rendez-vous, celle d'un pauvre garçon âgé à peine de dix-huit ans, tué lors d'une attaque aux abords d'un village. Nous verrons le cadavre, de loin, sans tomber dans le racoleur ou le sensationnalisme, avec un respect de la dépouille.

C'est surtout le quotidien qui nous est montré, des tranches de vie de ces soldats qui mangent ensemble, parlent de leur famille, de la permission future ou chantent des airs de blues et c'est aussi des soldats qui tirent sur l'ennemi, se retrouvent blessés et se tiennent la main pour se réconforter. Il y a dans ce documentaire une authenticité remarquable et quelque chose d'extrêmement universel. Filmer l'intime est un choix magnifique.

Le seul reproche que je pourrais faire à ce documentaire est d'utiliser un peu trop de musique extérieure, mais qui permette parfois à Schoendoerffer de travailler sur l'image. Ainsi, la chanson These Boots Are Made For Walkin' de Nancy Sinatra est utilisée à très bon escient. Il se dégage aussi un esprit très sixties, un peu hippie à travers toutes ces chansons.

L'oeuvre est précurseur de l'idée qui transparaitra aux Etats-Unis un peu par après. Nous ne sommes qu'en 1966 et les gens sont encore pleins de confiance quant à l'issue de cette guerre (Schoendoerffer dira d'ailleurs dans son interview après le documentaire qu'il ne voyait pas les USA perdre ce conflit même s'il considérait l'infanterie Viêt-cong comme la meilleure au monde). Mais le document du cinéaste français nous propose surtout de se poser la question de savoir ce qu'allaient faire des pauvres types âgés entre 18 et 25 ans dans un conflit dont les enjeux les dépassaient totalement.

A noter que Schoendoerffer sera frappé par une chose et qu'il verra dans cette guerre quelque chose d'extrêmement positif, c'est la disparition de toute ségrégation raciale au sein de l'armée américaine et la fraternité qui se créait entre gens de couleurs et blancs. Certains passages montrent d'ailleurs bien ces quelques petits moments d'amitié.

L'oeuvre a remporté l'Oscar du meilleur documentaire en 1967 si je ne m'abuse et c'est totalement justifié.

Note: 4.5/5

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