Paranoïa Agent (Mousou Dairinin)
De: Satoshi Kon
Avec les voix en V.O. de: Mamiko Noto, Shozo Iizuka, Toshihiko Seki, Daisuke Sakaguchi, Kenji Utsumi, Toshihiko Nakajima, Kotono Mitsuishi,...
Pays: Japon
Année: 2004
Synopsis
Tsukiko Sagi est la célèbre designer à l'origine du personnage de Maromi, petit chier extrêmement populaire. Tout le monde attend avec impatience sa prochaine création, mais elle manque d'inspiration et la pression se fait de plus en plus forte. En rentrant chez elle un soir, elle se fait agresser par un mystérieux gamin armé d'une batte de base-ball et chaussé de rollers dorés. Alors que certains pensent qu'elle joue la comédie, la police prend l'affaire au sérieux et ouvre une enquête. Ikari et Maniwa, les deux inspecteurs chargés du dossier, sont pour leur part très sceptiques jusqu'à ce que les agressions commises par le Gamin à la batte se multiplient. Les médias s'emparent très vite du fait divers et sèment la paranoïa...
Critique
Celui qui suit un tantinet la Japanimation doit connaître Satoshi Kon. Il est le réalisateur de nombreux mangas comme Perfect Blue ou Tokyo Godfather. Paranoïa Agent est un tournant dans la carrière de ce réalisateur puisqu'il s'agit de sa première série. Cette dernière contient 13 épisodes. Et comme pour Perfect Blue, il ne se prive pas de critiquer notre société actuelle.
D'emblée, Kon annonce la couleur. Tokyo, ville de millions d'habitants. Et pourtant, personne ne se parle et une scène paradoxale a lieu dans la métro. Des personnes qui communiquent avec leurs GSM en ignorant totalement les voisins. L'individualisme de l'être humain qui se replie sur son propre monde et d'une communication qui se fait de plus en plus via des objets électroniques. Ce n'est cependant pas le seul point où Kon attaque et dénonce. En effet, il passe en revue tous les défauts humains ou maladie psychique: schizophrénie, dénonciation de la luxure, de l'influence de personnes sur d'autres (scène remarquable où le Gamin à la batte a attaqué une personne, la femme de celui-ci ne pense pas à appeler une ambulance mais demande à son mari de raconter comment ça s'est passé pour qu'elle puisse pouvoir le dire aux femmes qu'elles rencontrent en face de l'immeuble et qui ont toujours quelque chose à raconter alors qu'elle non)., l'envie de pouvoir, de célébrité, le surménage, les ragots en bref tout ce qui peut nuire en notre société.
Derrière ses dessins assez basiques qui à défaut d'être extrêmement développés restent jolis, Kon fait preuve de génie en matière scénaristique. L'histoire part réellement dans tous les sens à chaque épisode et là où beaucoup se planteraient, Kon tient le navire en main de maître au point même où le téléspectateur se perd des fois. D'ailleurs bons nombres de doutes subsistent jusqu'au dernier épisode. D'ailleurs qui est ce Gamin à la batte? Au fur et à mesure des épisodes, le doute nous prend encore: est-ce un délinquant, sort-il tout droit de l'imaginaiton des personnes agressées, où est-ce même la mort (le Gamin ne tue pas les premières victimes mais bien les suivantes...)? Mais n'oublions pas que ce personnage grandit, devient plus imposant au fur et à mesure des épisodes. Plus on parle de lui, plus ça semble le faire vivre... A vous de découvrir ce mystère désormais. A noter que la musique est sympa...
Au pays des mangas, il y a Miyazaki, il y a également Satoshi Kon, qui vit dans l'ombre du premier mais dont il serait dommage de passer à côté de ses oeuvres... Ce Paranoïa Agent en premier. Troublant, qui mène à la réflexion, histoire intelligente et graphismes sympas au menu de ce chef-d'oeuvre (n'hésitons pas sur les mots cette fois). Le japanimé a encore de beaux jours devant lui avec de pareilles personnes...
Note: 5/5