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La culture sous toutes ses formes
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27 décembre 2009

Funny Games

funnygamesDe: Michael Haneke

Avec: Susanne Lothar, Ulrich Mühe, Arno Frisch, Frank Giering, Doris Kunstmann, Christoph Bantzer, Wolfgang Gluck, Stepan Clapczynski, Susanne Meneghel, Monika Zallinger,...

Pays: Autriche http://www.protour.fr/images/drapeau_autriche.gif

Année: 1997

Synopsis

Une famille composée d'un couple et de leur fils passe ses vacances au bord d'un lac. Deux jeunes hommes leur rendent visite sous un prétexte futile. Ils les séquestrent et leur font vivre un enfer...

Avis

Etant donné que Le ruban blanc est sorti il y a quelques mois, il se fallait que je découvre Haneke, cinéaste lauréat de la dernière palme d'or de Cannes. C'est parti avec un de ses films les plus connus, Funny Games, qui possède parfois le parfum d'un bon vieux Kubrick.
Pour être totalement honnête, le film commence très fort. Il est très bien construit, tout est précis et bien organisé. L'introduction donne tout de suite le ton. Une famille heureuse, en voiture, où ils s'amusent à deviner des musiques classiques. Nous en sommes toujours au générique lorsque celui-ci se termine par une musique de type Metal et sur un arrêt sur image sur la famille. Cette harmonie va être brisée. On comprend tout de suite le destin tragique qui les attends.
Toute la difficulté réside maintenant dans le fait qu'il faut donner l'envie au téléspectateur de continuer alors qu'il se doute du triste sort de la famille. Pour cela, Haneke va utiliser un procédé très simple: l'adresse au téléspectateur qui va lui donner l'envie de continuer mais surtout lui permettre de rentrer totalement dans le film. Et c'est essentiellement l'acteur Arno Frisch qui s'en charge avec des regards lancés à la caméra, quelques discours ou encore un clin d'oeil.
Le film nous rappelle Kubrick grâce à la distanciation mais aussi par le biais que jamais la violence n'est montrée. La femme qui se met nue devant les jeunes est en hors-champ, le chien tué, idem. Tout passe par le son, rien n'est montré. Pourtant le spectateur subit lui aussi une pression psychologique énorme. Certes, ces deux jeunes polis qui arrivent en demandant des oeufs sont sympathiques de prime abord. Mais très dérangeants et agaçants car ils s'incrustent, s'invitent chez les gens. Ils vont au final devenir très violents. La force du film demeure dans sa suggestion. Pendant une grosse heure, voire un tout petit peu plus, le film est sur la voie du chef-d'oeuvre. Haneke est juste, n'insiste jamais sur son propos et puis soudainement, sans qu'on ne sache ou qu'on ne comprenne pourquoi, il perd le fil de son histoire. Lors de la mort du fils, les deux jeunes hommes s'en vont. S'ensuit un plan sur la mère qui dure deux ou trois minutes où il ne se passe rien, où on la voit à peine réagir. Ensuite, plus grave encore, toute la force de suggestion qu'Haneke avait réussi, il va réussir à la détruire lui-même. Lorsque la femme change de vêtements tout d'abord, on n'a plus droit au hors-champ. Ensuite, après le retour des jeunes, l'un des deux se fait tirer dessus par la mère. Pas de hors-champ non plus. Tout est en contradiction avec ce qu'il avait construit auparavant. Et pourtant, Haneke a encore un coup de génie pour rappeler au téléspectateur que ce n'est qu'un film. Voyant son ami abattu, l'autre jeune homme fonce sur la télécommande et rembobine la scène pour revenir avant le moment du coup de feu. Génial. Mais ce n'est qu'une éclaircie dans cette fin de film. Une oeuvre qui est devenue beaucoup plus anodine que ce qu'elle ne méritait, au vu du potentiel de la première heure.
Et puis Haneke dénonce cette forme de violence que l'on voit à la télévision. Le discours de fin entre les deux amis, sur le voilier en est la preuve. C'est vraiment regrettable, on peut se dire que Michael Haneke est passé à côté du coche, qu'il a gâché ce qui aurait pu être un énorme chef-d'oeuvre. A la place, on obtient un bon film mais rares sont les bons films qui laissent un goût aussi amer.

Note: 3.5/5

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Commentaires
E
Perso, je le considère comme une sorte de nouvel orange mécanique, le film étant vraiment bluffant, tant par le fond que par la forme.
A
Je n'ai vu que le remake US avec Naomi Watts et j'ai plutôt aimé, mais je suis d'accord avec toi la fin laisse un goût très amer...
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